Le CNAOL au secours des AOP
« Morosité chez les producteurs de fromages, beurres et crèmes AOP » : c’est le titre du communiqué que vient de publier le Conseil National des Appellations d’Origine Laitière (CNAOL), quelques jours avant l’ouverture d’une assemblée générale lors de laquelle il compte interpeller les pouvoirs publics pour la protection de la filière.
Une semaine avant l’ouverture de son assemblée générale (26 et 27 septembre), le Conseil National des Appellations d’Origine Laitière a publié un communiqué dans lequel il choisit « d’alerter sur une conjoncture économique, climatique et sanitaire compliquée et d’interpeller les pouvoirs publics pour un meilleur accompagnement ».
Des situations contrastées
De fait, les données statistiques que remonte le CNAOL ne prêtent pas à un grand optimisme : « Après une année 2022 en légère baisse (-2 %), les volumes commercialisés de produits laitiers AOP diminuent à nouveau de 6 % en 2023 » résume le CNAOL, qui observe cependant des écarts de dynamiques entre les 3 grands types de produits :
- -3 % pour les fromages AOP entre 2022 et 2023, avec au total 201 176 tonnes commercialisées en 2023. « Les 46 appellations fromagères représentent 17,7 % des volumes des fromages fabriqués en France. Ce sont les fromages AOP au lait de chèvre qui présentent la baisse la plus marquée (-9 %), les fromages AOP au lait de brebis et au lait de vache présentant des baisses plus modérées (-3 %) » relève le CNAOL.
- -3 % pour les crèmes AOP par rapport à 2022, les 2 appellations concernées atteignant 7 861 tonnes. « Ce segment a plus que doublé en volumes commercialisés sur ces dix dernières années (+65 %) » observe cependant le CNAOL.
- -26 % pour les beurres AOP. « La diminution engagée en 2022 se poursuit et se renforce en 2023. Les 3 appellations totalisent 28 661 tonnes commercialisées, soit 8,2 % de la production nationale de beurre » détaille le CNAOL.
Un problème structurel
Pour le Conseil National des Appellations d’Origine Laitière, le problème n’est pas seulement dû à la conjoncture inflationniste : « Les données 2023 et les premières tendances 2024 montrent une consommation en léger retrait, les produits d’appellation étant avant tout des produits « plaisir ». A cette situation économique s’ajoutent des négociations commerciales chaque année plus dures entre les entreprises et la grande distribution, ainsi que la fermeture des rayons à la coupe dans de nombreuses enseignes au profit des rayons en libre-service ». Le CNAOL relève également les inquiétudes dues à « l’instabilité sanitaire et aux aléas climatiques qui entachent le moral des 14 000 producteurs laitiers sous appellation ».
« Cette année encore pour certaines régions méditerranéennes la sécheresse est présente, mais c’est surtout l’excès de pluviométrie qui impacte une grande partie nos filières AOP. Avec des surfaces fourragères inaccessibles ou une qualité dégradée de l’alimentation, les éleveurs en AOP font face à une situation insupportable. Et même si chaque éleveur et les organisations collectives n’ont de cesse de trouver des solutions et de s’adapter, les opérateurs ne pourront pas seuls se sortir de ces difficultés » constate le CNAOL, qui pointe également du doigt « la surenchère des mesures sanitaires, conduisant souvent à la destruction de nombreux lots selon le principe de précaution ».
Appel aux pouvoirs publics
Autant de constats qui poussent Hubert Dubien, président du CNAOL, à appeler au soutien des pouvoirs publics : « S’adapter relève de notre durabilité. Nous cherchons à la faire dans le respect des fondements de nos AOP en préservant notre lien au terroir et la qualité de nos fromages, beurres et crèmes. Nos AOP ne sont pas délocalisables, elles sont résilientes et depuis longtemps engagées dans la sobriété, la valorisation de ressources. Il y a urgence à ce que les pouvoirs publics agissent à nos côtés car ce qui se joue aujourd’hui sur nos territoires, c’est tout simplement le maintien d’hommes et de femmes qui vivent sur et de ces territoires ». Le CNAOL appelle notamment à « un appui financier à la certification des AOP les plus fragiles », au soutien des producteurs « avec le retrait des dispositions contradictoires aux AOP (Nutri-Score, Origin’Info) » ainsi qu’à « une véritable adaptation des contraintes sanitaires au contexte lait cru ».
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